Témoignage sur Wang xiangzhai : Yu yongnian (première partie)


Texte original du maître Yu yongnian, disciple directe de Wang xiangzhai, décédé en 2013 à l'âge de 93 ans, traduit du chinois par emmanuel Agletiner :

"Je me souviens d'un grand rassemblement donné au parc Zhongshan en 1947 avec démonstrations d'arts martiaux où des représentants de nombreux styles avaient participé. Monsieur Wang portait à cette occasion un long Qipao et fut le dernier à monter sur l'estrade pour y faire une démonstration du Jianwu. Il suffisait de poser son regard sur maitre Wang en train d'exécuter sa danse pour être captivé par le spectacle : ses changements soudains de rythme le faisait passer d'une extrême lenteur à une incroyable rapidité. Ses fali étaient si soudains qu'on pouvait le voir bondir comme un grand ressort. Tout son corps tremblait et explosait tour à tour, laissant une sensation remarquable de puissance en mouvement dont on avait le sentiment qu’elle était capable de déplacer des montagnes. On pouvait ressentir, en même temps, une impression de relâchement et de légèreté tel le déplacement sans interruption des nuages dans le ciel. Les plus impressionnants à voir étaient les fali "vide". 




Le maître Wang xiangzhai effectuant son Jianwu



J'ai eu la chance de voir cela de mes propres yeux... 

A part le maitre, la seule personne qui était capable de faire le Jianwu correctement était Han xingqiao. Lorsqu'il faisait sa danse, ses attitudes ressemblaient en tout points à celles de Wang xiangzhai. Il était également capable de faire ces fali "vide". 

Après cela, dans les années 50, lorsque le maitre avait créé l'association de qigong du hebei a Baoding, il eu encore l'occasion de faire une démonstration de son Jianwu. Ses mouvements étaient  encore aussi beaux que dans les années 40 et ses fali faisaient encore trembler l’estrade et même jusqu’aux murs… Ce jour là, j’étais avec Li jianyu, He jingping et d’autres disciples du maître et nous avons tous été ébahis par ce spectacle.







Le maître Han xingqiao, disciple de Wang xiangzhai, effectuant son Jianwu lors d'une démonstration dans les années 80.



Je me souviens cette fois où le maître fit tuishou avec moi. Ses bras n’étaient vraiment pas très musclés et surtout ils étaient extrêmement relâchés. On peut dire que lorsque je faisais tuishou avec d’autres personnes, je ressentait une difficulté en surface, au niveau de la peau et des muscles, mais avec le maître Wang xiangzhai, la sensation allait jusqu’au plus profond de mes os. Ses avants bras étaient comme des crochets de ces grandes pinces servant à soulever des blocs de glace. Dès que ses avants bras entraient en contact avec les miens, ils me crochetaient jusqu’au plus profond de mes os. La douleur était difficile à supporter. Si j’essayais de me protéger, ça ne menait à rien et si j’essayais de rentrer pour attaquer, ma force était stoppée net avant qu’elle n’ait eu le temps de s’exprimer. Lorsque le maître faisait un semblant de mouvement à peine perceptible, c’étaient mes deux pieds qui étaient déracinés. Il faisait ce qu’il voulait de moi, m’emmenait de droite à gauche et de gauche à droite. Tout ce que je pouvais faire, c’était le suivre pour aller là où il voulait m’emmener. Mais le maître ne projetait ses partenaire que très rarement. Il disait qu'il suffit de trouver comment faire en sorte que votre adversaire se raidisse et se bloque, ensuite, le fali se fait tout seul.




Yu yongnian en posture dulizhuang dans les années 70


A cette époque, lorsque le maître parlait de l’art martial, c’était très difficile de comprendre ce qu’il disait. Il fallait au minimum plusieurs mois avant de comprendre ce qu’il avait voulu dire car la théorie doit être éprouvée par le corps avant d’être véritablement assimilée. Pour bien pratiquer, il faut s’entrainer sans relâche, bien réfléchir à ce que l’on fait et il faut les indications précises d’un maître pour qui tout est limpide."

A suivre...

Articles les plus consultés