Histoire de l'art martial : L'antiquité

L'art martial chinois de l'antiquité n'est pas comparable à l'idée que nous en avons aujourd'hui. De toutes les écoles qui ont traversé les âges jusqu'à nos jours, même les plus anciennes, les plus "traditionnelles", ne remontent pas plus loin qu'à la fin de la dynastie Ming (1368 - 1644) alors que les première traces du Wushu, littéralement "l'art de la guerre", remontent au prémices de la civilisation chinoise, la dynastie Shang (env 1600 - 1045 av JC).

Le terme le plus communément utilisé aujourd'hui en Chine pour désigner l'art martial est Wushu (武术). Un terme plus ancien, dont l'idée est similaire, est Wuyi (武艺). Ces deux expressions désigne une idée commune : l'art, l'aptitude, le talent dans la guerre.
Le premier caractère de cette expression, 武 (wu), existe dès les premières formes d'écriture en Chine, les jiaguwen ("écritures sur carapaces et os", utilisées pour la divination sous les Shang).
L'idée qu'il exprime est très claire : la partie supérieure du caractère représente une hallebarde "Ge" (戈) qui fut l'arme emblématique des premières dynasties chinoises. La partie inférieure du caractère représente un pied (止) dont la signification est d'avancer, d'aller vers l'avant, de marcher.
La signification de ce caractère étant donc "de marcher en avant avec une hallebarde".


武, gravure Jiaguwen




  武, gravure sur bronze


Une erreur souvent commise par des pratiquants non sinisant étant d'interpréter la clef du pied (止) par l'idée d'arrêter, de stopper, un sens dérivé qui apparaitra bien plus tard dans l'histoire.
Or, cette idée, si elle permet d'apporter au caractère une interprétation plus philosophique : "arrêter une hallebarde",  dans le sens "d'éteindre tout conflit",  n'est pas conforme à l'explication donnée par le shuowenjiezi, le plus ancien dictionnaire chinois.  L'idée initiale du caractère wu étant bien celle de soldats qui avancent sur le champs de bataille avec une hallebarde à la main...



Pointe de hallebarde "Ge" (戈) datant des Zhou de l'ouest (1046 - 771 av JC)


La pratique de l'art martial à main nue occupa une place de moindre importance dans l'histoire et ne prit son importance que très récemment.
Les raisons à cela sont plus qu'évidentes : les techniques à mains nues ne sont quasiment d'aucune utilité pour un militaire (c'est encore le cas de nos jours). Dès les premiers conflits dans l'histoire de l'humanité, l'être humain, toute civilisation confondues, utilisa tous les outils qu'il avait en sa possession pour arriver à ses fins. Et même désarmé sur un champs de bataille, l'art à main nue était sans aucune utilité face à un ou plusieurs adversaires vêtus de lourde armure qu'il était déjà difficile à transpercer avec une lance...

Quoi qu'il en soit, on trouve des traces écrites permettant d'attester d'une pratique à main nue déjà bien évoluée dès l'époque des royaumes combattants (481 - 221 av JC). La plus ancienne expression connue évoquant l'art martial étant, d'ailleurs, "Jiji" (技击) "dextérité dans la boxe" (Xunzi, 313 - 238 av JC), une expression qui sera reprise par le maître Wang xiangzhai pour désigner l'aspect martial de son enseignement.

Les pratiques à main nue de l'antiquité dont on a des traces écrites sont essentiellement des pratiques sportives ou destinés à démontrer les aptitudes d'une personne. Les jeux de force, la lutte et le pugilat (la "boxe") sont utilisés pour se mesurer à un autre sans s'infliger de blessures trop sévères (sauf accident).



Vase tripode en bronze



Le jeux de force le plus célèbre, sous les Zhou (1045 - 256 av JC) étant le levé de vase tripode. Tout en bronze, ils pouvaient peser jusqu'à 800 Kg !
La lutte, quand à elle, fait partie des trois grandes épreuves de compétition, avec l'archerie et la conduite de char.

Pour ce qui est de la boxe, le shoubo (手搏) que l'on peut traduire par "frappes avec les mains", il n'existe pas de description des méthodes d'entrainements qui lui sont dédiés mais certains textes permettent de deviner que cet art fut développé à un haut niveau de pratique par certains. Le premier texte à faire mention de cette pratique, le commentaire de Gongyang des annales printemps et automne relate un incident survenu en 682 av JC : "Zichang wan, un officiel du Duc de Min des Song frappa le Duc à la machoire. Le Duc perdit plusieurs dents et mourut. Sa nuque avait été brisée par la frappe."

Le peu de trace écrites dédiés à la pratique à main nue permettent tout de même de savoir que cet art était déjà bien développé en Chine dès l'antiquité et que les techniques qu'elle véhiculait étaient dévastatrices...







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