Les origines mystérieuses du baguazhang

La boxe chinoise Baguazhang (八卦掌)ou "Technique de paume des huit trigrammes" est une des plus célèbres écoles du wushu (art martial) chinois. Sa création est attribuée à Dong haichuan, qui fut un eunuque à la cour des Qing et dont le parcourt reste auréolée de zones d'ombres. La connaissance que nous avons aujourd'hui du Baguazhang est due à la diffusion de ce style par les meilleurs élèves de Dong haichuan, qui furent tous des personnages hautement respecté dans la communauté des maîtres de leur époque.

Si la création du Bagua est récente, elle n'en demeure pas moins difficile à cerner et hautement représentative de la complexité du chemin qui mène à l'élaboration d'une boxe chinoise.




Documentaire chinois présentant Ren wenzhu en visite à Dong shaojie, descendant de Dong haichuan




Selon les textes historiques, Dong haichuan démarra l'étude de l'art martial dans son enfance et pratiqua, notamment, le luohanquan (boxe des arhats). Il quitta sa famille, d'origine modeste, ainsi que son village au environ de 1850 à la recherche de travail et parti ainsi à l'aventure.

10 années plus tard, il était établi à Pékin et travaillait comme serviteur d'un prince de la famille impériale où il se fit remarquer pour son habilité martial. Se faisant ainsi une renommée, il commença à enseigner et à prendre des disciples, qui à leur tour, développèrent ce qui est aujourd'hui connu sous le nom de Baguazhang.



Quelques postures du bagua avec la hallebarde



Beaucoup de chercheurs et d'historiens ont exploité les informations que Dong haichuan avait transmis oralement à ses disciples sur l'origine de son enseignement. Celui-ci aurait été initié par un Taoïste dans un monastère du mont Jiuhua (Jiuhashan), dans la région de l'Anhui. Mais le grand nombre d'incohérences sur le récit de cet apprentissage, laisse à penser que Dong haichuan "s'inventa" un récit auréolé de mystères. Si la marche en cercle du Baguazhang pourrait avoir été inspiré d'une marche méditative circulaire pratiquée dans certaines sectes Taoïstes, la plupart des historiens doutent du fait qu'il ait appris sa technique de combat d'un moine Taoïste.

La plupart des chercheurs actuels penchent pour une toute autre hypothèse, bien moins fabuleuse mais tout aussi intéressante à mon gout :

Durant les 10 années d'ombre de la vie de Dong haichuan, celui-ci se serait engagé dans l'armée des Qing afin de lutter contre les armées des rebelles Taiping. Il y aurait été formé à différentes techniques de combat par les instructeurs de l'armée impériales et aurait utilisé son expérience au champs de bataille pour mettre au point son enseignement qu'il nomma tout d'abord "Chuanzhang" (la paume de "chuan" / de Dong haichuan). Ainsi, l'école qui pris plus tard le nom de baguazhang, serait issu de techniques militaires éprouvées au combat sur les champs de bataille.



Visite de Guo yunshen (au milieu, à droite) dans une école de baguazhang 



 L'enseignement de Dong haichuan fut personnalisé pour chacun de ses disciples, qui créèrent chacun un enchainement différent. Les premiers furent Yin fu et Cheng tinghua, qui, à leur tour, prirent des disciples dont Zhang zhaodong, Liu fengchun, Liang zhengpu, Liu baozheng, Ma gui...
L'enseignement qu'a pu donner le fondateur de cette école est assez incertain. Seul quelques éléments, présent dans toutes les formes ayant été créées par ses disciples et descendants, sont issu de Dong haichuan avec certitude. Notamment, certaines postures statiques (zhanzhuang) ainsi que la marche en cercle, le simple et le double changement de paumes et les trois paumes antiques (laosanzhang).

Si le Yiquan possède un lien historique évident avec le Xingyiquan, il n'en fut pas moins influencé par le Baguazhang, même si les liens unissant ces deux boxes semblent, à première vue, moins évident. Parmi les relations que possédait Wang xiangzhai, les maîtres Liu fengchun, Zhang zhaodong et Ren zhicheng semblent avoir eu une importance toute particulière. Il étaient tous trois des disciples proches de Dong haichuan et possédaient, si on en croit les témoignages, un gongfu hors du commun...





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