Historique du yiquan selon Wang xiangzhai



Le texte qui suit est une traduction de la préface du premier ouvrage publié par Wang xiangzhai, "La véritable voie du yiquan" (Yiquan zhenggui). Rappelons qu'à l'époque où il fut publié, dans les années 20, le maître Wang xiangzhai n'avait pas encore créé sa propre école et enseignait le Xingyiquan.
Cette préface apporte quelques points intéressants sur la transmission orale concernant l'origine historique de cette boxe.

L'art du combat est une voie (Dao), il est donc difficile de trouver les mots pour en parler. Le shijing (classique de la poésie) parle déjà de la "bravoure dans la boxe" (quan) et le classique des rites parle du jiaoli, une forme de lutte au corps à corps. Ces deux sources constituent l'origine historique de l'art du combat. Sous les Han, Hua Tuo créa le jeu des cinq animaux (wuqin zhi xi) qui contenait déjà l'essence de l'art du combat. Ceux qui parvinrent à exceller dans cette pratique étaient fort peu nombreux si bien qu’elle finit par disparaitre. Pendant la dynastie Liang, Bodhidharma (Damo) vint en extrême orient, puis il commença à prendre des disciples et à leur enseigner les soutras ainsi qu'une façon d'exercer leur corps. Par l’observation de la nature et des animaux, il mit finalement au point la méthode de « purifier la moelle et transformer les muscles en tendons » (xisuiyijinfa), qui fut à l’origine du Yiquan également appelé Xinyiquan (心意拳). Comme beaucoup de ses disciples pratiquaient le combat, ils firent la renommée de Shaolin. Yue Wumu Wang (Yue fei) fit une synthèse des différentes écoles de l'art martial de son époque et créa la "boxe enchainée des cinq techniques"(五技连拳 wuji lianquan) ou "séparation des mains en cinq techniques" (五技散手 wuji sanshou) ou bien encore "mains emmèlés en cinq techniques" (五技撩手 wuji liaoshou), appelé de nos jours Xingyiquan (形意拳).








Yuejia sanshou, techniques de saisi de la boxe de Yue fei transmise de nos jours






Par la suite, le pays fut en période de paix. Un élan de pratique du wen (la culture) au détriment du wu (l'art martial) commença. Comme ceux qui excellaient dans l'art martial ne s'étaient attiré que de grands malheurs de par leur bravour au combat, les lettrés finirent par s'en détourner. C'est ainsi que, des profondes connaissances dans l'art martial qu'il y avait à l'époque, l'histoire n'a pratiquement rien retenu. Cette situation est restée telle quel pendant une longue période. Ceux qui maitrisaient les arts martiaux s'en cachaient, se retiraient dans les campagnes et n’osaient pas se faire connaitre en tant que tel. Ainsi, les pratiquants des périodes postérieurs ont perdu de nombreuses connaissances. Pendant la dynastie Qing, les frères Dai de Taiyuan excellaient dans l'art martial. Ils transmirent leur savoir à Li Luoneng du district de Shen dans la provine du Zhili (actuel province du Hebei). Beaucoup d'élèves ont reçu l’enseignement du maître Li. Parmi eux, il y avait Guo Yunshen, du même district. Guo Yunshen enseignait le Xingyi. La base de son enseignement, par laquelle on débutait la pratique, était la "posture du pieu" (zhan zhuang). Il eux beaucoup d'élèves mais peu d’entre eux réussirent à comprendre son enseignement. Monsieur Guo disait souvent que "N'importe qui peut apprendre et que n'importe qui peut transmettre".








Démonstration de jiangwu par le maître Han xingqiao, disciple de Wang xiangzhai. La danse de la boxe, apparue sous les Tang, était pratiqué par les lettrés.





Je suis originaire du même endroit que Monsieur Guo, nos familles avaient des relations d’amitié. Appréciant mes dispositions, il a accepté de m'enseigner ce qu’il y avait de plus important à ses yeux. De nos jours, les étudiants aiment ce qui est différent et ce qui sort de l’ordinaire. Ils ne savent pas que la véritable méthode conduisant à la grande voie réside dans l’ordinaire et le quotidien et, de ce fait, négligent ce qui est sous leurs yeux. C'est ce qu'exprime subtilement le dicton « la Voie (dao) demeure près des hommes et pourtant, ceux qui veulent connaitre la voie s'éloignent des hommes".
Je ne cherche pas à devenir célèbre, comme c'est le cas pour la plupart des gens, de nos jours. Ceux-là ne recherchent pas la vérité mais une célébrité infondée qui leur apportera du profit. Ils ne veulent pas la connaissance et se contentent de recopier de vieux textes érronés pour en tirer profit, remplissant des pages d’absurdités, transmettant des mystifications et parlant de choses imaginaires. Rien n’est cohérent, ce qui a pour conséquence de plonger leurs élèves dans une brume épaisse, les rendant dans l'incapacité de distinguer le vrai du faux.
"Les personnes ordinaires et dépourvues de connaissance ne peuvent considérer avec respect la voie du saint homme". Comme c'est malheureux !
Comment rendre la voie limpide afin d'en faire profiter les hommes ? Je me retrouve souvent à y réfléchir au beau milieu de la nuit...
Je n'ai peut être pas de dispositions particulières pour l'écriture, mais j’affectionne particulièrement la voie de l'art martial. Les instructions que j'ai reçu à son sujet lors de mon apprentissage quotidien méritaient d’être consignés par écrit. Elles sont de grande valeure et peuvent être profitables à tous. Je me dois donc de ne pas être égoïste et souhaite que ceux qui partagent ma passion puissent également en tirer profit. Ainsi, la publication de cet ouvrage ne sera pas chose vaine. Il en va de même pour la présente préface...



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