Yangsheng : L'art de nourrir le principe vital (première partie)

L'enseignement de Wang xiangzhai, aujourd'hui appelé yiquan ou dachengquan, fut fondé sur la base des différentes recherches qu'il avait entrepris toute sa vie durant. Ces recherches, portées sur la tradition chinoise antique, l'amenèrent à créer une méthode de développement de l'individu en accord avec sa nature intrinsèque. Il enseigna cette méthode, le zhanzhuanggong, en l'assimilant à une forme antique de yangsheng (travail de nourrir le principe vital).
Dans son texte intitulé "zhanzhuanggong" (le travail de la posture du pieu), il en parle en ces termes :

"La posture du pieu (zhanzhuang) est une des formes antiques de l'art de "nourrir le principe vital" (yangsheng) de mon pays.
Il y a plus de 2000 ans, le Classique de l'ésotérisme de l'empeur jaune (Huangdi neijing) parlait déjà en ces termes : " ... Dans les temps anciens, il existait des hommes capables de comprendre les mystères du ciel et de la terre. Des hommes qui avaient saisi les principes du yin et du yang, de la respiration du souffle vital, capables de préserver leur esprit en solitaire, de ne faire qu'un de tous leurs muscles. Ils pouvaient, ainsi, vivre aussi longtemps que le ciel et la terre ... "
Plusieurs centaines d'années plus tard, ce type d'exercice n'était plus qu'un moyen utilisé par les pratiquant de l'art martial pour travailler leurs bases."





Yangshengzhuang, par le maitre Wang xiangzhai




Si Wang xiangzhai cite le "Huangdi neijing" comme premier ouvrage à parler de cet art de préserver la vitalité, le terme yangsheng, pour sa part, est employé dans divers textes antiques taoïstes. Le "Zhuangzi", un des corpus classique du taoïsme datant du 3e siècle, y fait référence dans son chapitre 3, intitulé "yangshengzhu" (L'essentiel sur l'entretien du principe vital).

Dans un texte intitulé "Les procédés de nourrir le principe vital dans la religion taoïste ancienne" (Journal asiatique, 1937), Henry Maspero, nous en parle en ces mots :

"Comme c'est le Souffle Originel et non le souffle externe qu'il faut faire circuler à travers le corps, et que sa place naturelle est à l'intérieur du corps, il n'y a pas besoin de le faire entrer et de le retenir avec effort comme faisaient les anciens : pas de rétention du souffle, fatigante, et dans certains cas nuisible. Mais il ne s'ensuit pas que faire circuler le souffle soit chose facile ; au contraire, cela exige un long apprentissage. "Le souffle interne... est naturellement dans le corps, ce n'est pas un souffle qu'on va chercher au-dehors ; (mais) si on n'obtient pas les explications d'un maître éclairé (tous les essais) ne seront qu'une fatigue inutile, jamais on ne réussira" (Taiqing Wanglao (fuqi) chuan koujue, Daozang, 569)."

Ce travail de nourrir le principe vital (yangsheng) n'est autre que l'origine de l'alchimie interne taoïste (neidan).




Alchemical Tripod

Symbole taoïste, le vase tripode alchimique



Le but de cette alchimie, dans la tradition taoïste, est de transcender l'être humain et d'atteindre l'immortalité. Cette immortalité est vue, dans les mythes populaires chinois, comme le stade suprême que seuls arrivent à atteindre les être supérieurs. En réalité, elle représente l'étape spirituelle ultime de la régression prônée par le taoïsme et qui doit permettre un retour au stade primitif de fonctionnement de l'être humain, lorsqu'il est enfin détaché de tout conditionnement...

(A suivre...)

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